Agents immobiliers (2)




One Thing In A French Day show

Summary: Moins d’une heure après la visite déroutante des deux premiers agents (c’est étrange de parler du Tonka de Jean-Paul Hévin avec quelqu’un en costume noir), j’ai reçu la visite d’un autre agent immobilier. Celui-là tient l’antenne d’un groupe très présent dans les villes alentour. Sa petite agence est en face de la gare. Il est là depuis des années. C’est un personnage plutôt sympathique, il nous avait fait visiter un appartement à l’époque où nous cherchions à acheter. Ce qui est drôle chez lui, c’est l’évolution de son apparence. Lorsque nous l’avons connu, il avait un style hyper classique : cheveux courts, pantalon à pinces, polo Lacoste et mocassins. Puis, il a laissé pousser ses cheveux, s’est mis à sillonner le quartier à vélo et en hiver il porte désormais une parka avec une capuche bordée de fourrure. Il est passé du look hyper classique, au look bohème. Maintenant, je dirais qu’il a soixante ans. Il est arrivé chez moi à l’heure et il a parlé du début à la fin, sans arrêt, mesurant les pièces en nombre de pas (méthode plus approximative que la précédente). Après avoir fait un tour complet, en remarquant chaque détail (ah, vous avez eu une fuite ici. Bon, ça a l’air sec maintenant), il s’est posé dans le salon et a noté ses impressions sur une feuille de papier. — Je vais noter les points positifs, m’a-t-il dit : un appartement sans perte de place, bien agencé, de nombreux rangements, un bel environnement. Les points négatifs (ah, il y a des points négatifs, ai-je pensé) : la cour de l’immeuble (elle est ravissante la cour avec ses pelouses !), la vue au loin sur les immeubles (oui, mais, au loin !) et le carrelage de la cuisine (il est parfait mon carrelage !). Finalement, après m’avoir emprunté une calculette, il m’a sorti quatre chiffres. La valeur plancher, la fourchette basse, la fourchette haute et la valeur vénale. En moyenne, il est arrivé au même chiffre que mes deux visiteurs précédents. Cependant, l’heure tournait et mon agent était parti dans une démonstration sans fin sur le coût de la vie. J’ai dû le stopper d’un « excusez-moi, je vais devoir aller chercher mes filles à l’école ». Je ne voulais pas qu’il croise son collègue concurrent dans l’escalier.